Lorsqu’on évoque «les relations particulières de la France et du Maroc», on aurait tort de mettre la formule sur le compte de la sémantique protocolaire ou des incantations précédant ou suivant les signatures de conventions bilatérales. La France en effet, en à peine quatre décennies de présence, a profondément marqué le Maroc de son empreinte.
Et si, au moment où le pays fête ses 50 ans d’indépendance, les liens avec l’ancienne puissance occupante sont toujours aussi forts, il faut s’interroger sur ce miracle qui a permis une indépendance sans violence, un renforcement continu des liens économiques, une omniprésence de la langue et de la culture françaises : Paris est plus que jamais la banlieue de Rabat (et de plus en plus, Marrakech est la proche banlieue de Paris…).
Les bases de cette pérennité ont été jetées par le Maréchal Lyautey, qui dès son arrivée au Maroc a tenu à placer son action sous le double signe de la protection des traditions marocaines et du nécessaire développement du pays. Et quand on admire aujourd’hui les grandes jetées des ports, le magistral développement de Casablanca entre 1915 et 1935, la naissance de cités nouvelles (les Habous) ou la belle harmonie de Rabat, il faut se souvenir et rendre hommage à «Lyautey le Marocain» et à tous ceux qui croyaient en sa mission de sauvegarde de ce que le Maroc avait d’ unique : sa culture.
Il faut, certes, se garder de tout angélisme. Lyautey était bien un adepte de la colonisation, soucieux d’abord des intérêts de son pays, et jaloux de ses prérogatives de proconsul. Mais le réel humanisme et la profonde noblesse de celui qui a représenté pour nombre de marocains «le meilleur de la France» ont servi heureusement et durablement la réelle amitié entre les deux peuples. Et si l’ on est tenté de faire la moue, qu’on se souvienne (pour ceux qui n’ ont pas oublié) de Guillaume, Juin ou encore du Boniface de sinistre mémoire.
Il est difficile de faire le tour de toutes les réalisations de la période 1915-1935. Il suffit pour s’en faire une idée assez large de savoir que la ville de Casablanca est considérée encore aujourd’hui comme un «musée vivant de l’architecture Art Déco».
Nous vous laissons découvrir (ou redécouvrir) certains lieux, des bâtiments aussi, dont certains aujourd’hui disparus (le théâtre de Casablanca, par exemple) et des ouvrages d’art ou des villes nouvelles qui portent témoignage de la modernisation rapide du Maroc pendant cette courte période.