La signature de l’Acte d’Algésiras en 1906 a provoqué une levée de boucliers générale à travers le Maroc. Les élites lettrées de Fès comme les tribus toujours dissidentes du Tadla, des plaines de la Chaouia ou du sud berbère accueillirent ce traité comme une véritable déclaration de guerre à l’Islam et au Maroc en tant que nation.
Le lancement de la construction d’un modeste tronçon de chemin de fer à Casablanca, partant de la darse d’un port alors quasi inexistant vers la route de Rabat, allait mettre le feu aux poudres. La traversée du cimetière jouxtant le mausolée de Sidi Belyout enflamma les habitants de la Chaouia : une attaque se solda par la mort de sept ouvriers portugais et espagnols travaillant au chantier de la société Schneider. La France mit à profit l’incident pour faire intervenir sa marine de guerre déjà prête : des bombardements intenses précédèrent le débarquement des troupes dans une ville assiégée par les tribus, à moitié détruite par les obus et jonchée d’innombrables cadavres d’animaux et d’humains confondus.
Une large documentation atteste de la férocité de combats qui firent des victimes de part et d’autre. Montrer ces images, qui appartiennent désormais à l’histoire et sont dues pour l’essentiel à des photographes de l’armée française, ne suppose de notre part aucun a priori.
Nous n’avons aucune prétention à faire œuvre d’historien (ce n’est pas la vocation de MarocAntan). Ces images, comme celles plus exaltantes de la construction de ports ou de dispensaires dans des campagnes terriblement dépourvues, sont là pour écarter toute tentation manichéenne dans les jugements souvent très hâtifs ou passionnés, sur la présence française au Maroc.